En 1878, la maison changea de propriétaire et dans l'acte de vente que nous possédons toujours, il est fait mention d'un " bassin avec jet d'eau ".
Il fut immortalisé sur cette première photo du jardin vers 1900 :
Mon arrière Grand-Père l'a embelli d'un faux rocher portant une vasque, vers 1910, et quelques cent ans plus tard, il est toujours là :
C'est un petit plan d'eau tout rond, un miroir brillant où se reflètent le ciel changeant et les frondaisons frissonnantes des arbres.
Le Cognassier du Japon et les Millepertuis qui le bordent se mirent dans ses eaux claires et calmes.
Myriophylles et Elodées oxygènent l'eau et les grands Pontederias aux fleurs azurées, un peu envahissants, dominent le décor aquatique. Au mois de Juin, les fleurs de nénuphars tout juste sorties de l'onde dévoilent à fleur d'eau une grâce à nulle autre pareille :
Paradis des poissons rouges et des grenouilles ...
... nid d'amour des crapauds qui viennent s'y rafraichir les chaudes soirées d'été ...
...bain des oiseaux et cabaret des insectes, des plus petits et inoffensifs aux plus grands prédateurs du vieux Clos, mais aussi de certain individu aux intentions parfois un peu louches lol ...
...il héberge, au fil des saisons, tout un petit monde aquatique : oeufs et tétards rigolos...
... alevins, larves d'ephémères et de moustiques, insectes aquatiques, paisibles escargots d'eau , et au fond, dans la vase, des monstres à la machoire élastique, les "dents du bassin" qui, une nuit d'été, quitteront leur repère, se dépouilleront de leur sombre habit pour devenir une jolie demoiselle aux ailes irisées, une belle assassine aux yeux aux dix mille facettes :
Exuvie de libellule :
C'est un monde à part, le bassin, un peu magique, un lieu de rêverie :
"L"eau dormante ne dort pas;
Elle rêve j'en suis sur,
Car son rêve,
Elle le murmure
Doucement,
Pour ceux qui comprennent,
Ceux qui aiment
Son frissonnement.
Son rève est bien apaisant
Il lui donne un aspect tranquille
Immobile et changeant.
L'eau domante sourit,
Elle est heureuse;
C'est l'eau rêveuse"
Jean Orizet
Oui, MAIS ....
Depuis deux ans, un bandit masqué le considère comme un garde-manger, vient trainer ses guêtres sur son bord tous les automnes et hivers et fait des agapes de poissons rouges.
Aujourd'hui, il n'en reste que trois !
Et un malheur n'arrivant jamais seul, depuis l'hiver, le bassin fuit.
Une des antiques fentes s'est sans doute ré-ouverte sous l'effet du gel et de la glace.
En Août, nous mettrons faune et flore dans de grandes bassines d'eau, puis nous le viderons, nous enleverons la vase, nous gratterons les parois pour le recouvrir comme il y a dix ans d'un enduit hydrofuge élastique.
Ensuite, nous remettrons tout à l'eau et au printemps prochain, nous acheterons de nouveaux poissons.