Il fut nommé Caméraria ohridella.
Il vivait dans le sud-ouest de l'Europe, et exerçait ses talents de mineuse des marronniers sur les marronniers sauvages poussant dans les forêts des Balkans, aire d'origine de notre marronnier commun qui n'a d'indien que le nom.
Caméraria ohridella, prise en photo par mon mari, à la loupe binoculaire.
Quelle mouche a piqué Camerarie Ohridella ? Un beau jour, saisie par des désirs d'extension, elle est partie à la conquête du monde.
La bestiole vole vite. Jugez plutôt :
En 89, elle est en Albanie, Roumanie, Autriche.
En 92, elle envahit l'Italie, en 93 l'Allemagne et la Tchéquie.
Elle arrive en Suisse en 98, en Belgique et aux Pays Bas en 99.
En 2000, elle franchit le Rhin, traverse la France, elle est observée en Espagne et en Angleterre en 2002.
Elle vole, vole, vole, et rien ne semble pouvoir l'arrêter.
En arrivant dans mon Ile de France, la bestiole s'est crue au paradis. Même dans ses rèves les plus fous elle n'aurait pu imaginer une telle quantité de marronniers, une telle profusion de feuilles.
Devant un tel garde-manger, elle a plié bagages, s'est posée, s'est reproduit avec ardeur, au point qu'aujoud'hui, pas un seul marronnier commun de ma région n'échappe à ses ravages.
Dans le vieux Clos, à l'origine, il y avait quatre marronniers. Personne ne connait leur âge, mais ce sont de très vieux arbres.
L'un d'eux est mort dans les années vingt, les trois autres, durant des dizaines d'années, ont formé un magnifique rideau de feuillage durant toute la belle saison.
Ils ont été attaqué par la bête en 2001 et depuis, tous les ans, subissent ses méfaits.
La chenille de Caméraria Ohridella perfore les tissus des feuilles et s'installe entre les épidermes. Elle creuse alors une galerie ronde ou ovale , de préférence entre les nervures.
Au printemps, quelques petites tâches grisâtres se forment :
Photo prise en Mai. Le feuillage semble intact mais ...
Les générations de papillons se succèdent au cours l'été, les feuilles se minent chaque fois davantage :
Photo prise en juin.
Elles finissent par se dessécher complétement . Au coeur de l'été, les marronniers paraissent tout secs et perdent leurs feuilles
Photos prises le 15 Août
Tout l'été, le ballet incessant des papillons adultes autour des arbres n'échappe pas à l'oeil acéré des prédateurs.
Depuis quelques années, les mésanges font des agapes de chenilles de Caméraria ohridella, les guêpes et les frelons les transforment en patée pour leurs larves et des dizaines d'araignées tissent leur toile entre les branches.
Nous, nous ramassons soigneusement toutes les feuilles mortes tombées au sol car c'est à l'intérieur de ces feuilles que l'insecte, sous forme de chrysalide, passe l'hiver.Par cette action, nous retardons l'apparition des dégâts, mais tous ces efforts conjugués semblent bien dérisoires !
Caméraria ohridella ne tue pas les marronniers, mais elle les affaiblit.
Ils ont une croissance ralentie, refont des feuilles en septembre, j'en ai vu certains fleurir en Août, et finissent par s'épuiser.
Aujourd'hui, nous n'en n'avons plus que deux : les ravages du papillon alliés à la canicule de 03 ont coûté la vie du troisième.
Un espoir ? Des phéromones sont en vente.
J'ai acheté deux pièges hier, j'ai même pris les recharges.
J'ai décidé de sauver mes marronniers, la guerre contre Caméria Ohridella est déclarée ...